Articles, Tribunes

Lettre ouverte à Stéphanie di Giusto, réalisatrice de « La Danseuse », de la part de FièrEs

« Tout ce qui est non-nommé, non-représenté, tout ce qui est omis dans les biographies, censuré dans les recueils épistolaires, tout ce qui est inadéquatement renommé et dont l’accès est complexifié, tout ce qui est enseveli dans la mémoire par l’effondrement du sens sous le poids d’un langage inapproprié ou mensonger – tout cela rejoindra non seulement l’innommé mais aussi l’innommable. »

Adrienne Rich

Madame,

Résumons. La Danseuse, votre premier film, dépeint la vie de Loïe Fuller, danseuse et chorégraphe états-unienne d’avant-garde. Icône de la Belle Époque, admirée pour ses audaces esthétiques et l’inventivité de ses créations, cette pionnière de la danse moderne est restée célèbre pour sa fameuse “Danse Serpentine”. Pionnière, elle le fut aussi dans sa vie personnelle : ayant rompu un mariage dont rien ne nous permet de savoir s’il fut réellement désiré, elle vécut ouvertement son amour avec Gabrielle Bloch, sa compagne, son associée et sa collaboratrice, trente années durant.

Vous avez réalisé un film sur la vie de cette artiste et avez dû faire des choix “artistiques”… Soit. Mais ce que vous avez choisi de gommer, ce que vous vous êtes permis de considérer comme anecdotique ou insignifiant, altère profondément le sens que Loïe Fuller avait choisi de donner à son existence. En censurant le lesbianisme de Loïe Fuller, pour lui imposer une relation hétérosexuelle, avec un personnage masculin inventé de toutes pièces, vous ne faites pas un choix artistique, mais un choix politique : vous niez à votre sujet le droit et la capacité à s’être constitué une existence libre et indépendante de toute présence masculine, à contre-courant des moeurs de son temps.

Ce que vous refusez de comprendre c’est que, loin d’être anecdotiques, ses choix sont profondément liés à ses positions esthétiques d’avant-garde. En faisant de Gabrielle Bloch une simple collaboratrice, vous avez réduit trente années de relation et de complicité artistique à quelques regards et soupirs sibyllins. Mais vous qui êtes une artiste, ne pouvez-vous donc pas comprendre l’importance de la vie personnelle d’une créatrice dans ses choix artistiques ? Comme le souligne Catherine Gonnard, le fait que Loïe Fuller ait choisi de créer une compagnie avec des femmes est loin d’être anodin : “elle ne travaille qu’avec des femmes… Ce sont des choix, c’est tout un engagement à l’époque. Un mode de vie lesbien, ce n’est pas juste coucher avec une femme. À une époque où les hommes sont partout, elle décentre les regards. Alors que les hommes jusque-là se sont tous autoproclamés, une femme peut d’un coup décider qui est important. » Dans ces conditions, vous comprendrez que ce que vous appelez “votre liberté artistique” constitue une mécompréhension complète de celle de Loïe Fuller, qu’elle a défendu toute sa vie.

Sans compter qu’en plus d’être lesbophobe, votre perspective est sexiste : une figure de femme « toute seule », c’est-à-dire sans homme vous dérange à ce point ? Vous faut-il donc un personnage masculin pour rétablir “l’équilibre” ? Fallait-il réellement à Loïe Fuller un protecteur pour être “complète” ? Au passage, vous avez une drôle de conception de la “séduction” entre un homme et une femme : outrepasser le consentement d’une personne, insister et s’imposer, jusqu’à faire céder, n’a rien de romantique ni d’érotique. Ce sont des rapports de domination sexistes, qui portent un nom : la culture du viol.

Mais ce n’est cependant pas la seule liberté sexiste que vous prenez avec la vie de votre sujet ; votre film en est saturé jusqu’à l’écoeurement. Lorsque vous choisissez de représenter la mère de Loïe Fuller vous en faites l’archétype de la marâtre, alors qu’elle a pris soin de préciser dans son autobiographie que sa mère l’a soutenue toute sa vie, qu’elle lui a permis de faire ses débuts sur scène très jeune sans l’y forcer ni l’en empêcher… Vous dénaturez toutes les relations féminines que Loïe a entretenues avec une constance rare : quel “hommage” en effet ! Et quand vous nous gratifiez d’un moment « lesbien », entre Loïe et Isadora Duncan, c’est pour tomber dans le cliché éculé de la séduction manipulatrice : car quelle motivation autre que le désir d’humilier pourrait présider à un baiser entre deux femmes ?

Voici donc la réalité des “libertés artistiques” que vous vous permettez de porter à l’écran : plutôt qu’un amour lesbien, que vous estimez vu et revu, vous préférez représenter un viol hétérosexuel, ou un baiser torride entre deux filles, digne d’une introduction de film X mainstream. Quelle originalité…

Ne mâchons pas nos mots : vous n’avez pas fait un film sur Loïe Fuller. Vous avez réalisé une “énième” vie d’artiste torturée, en vous servant du nom de Loïe Fuller pour la vendre à vos producteurs. Par paresse, ou conformisme, vous avez commis un “énième film” hétérosexuel, sans chercher à comprendre (ou peut-être sans pouvoir comprendre) le lien entre la vie et l’oeuvre d’une artiste. Dommage pour un biopic.

FièrEs

Communiqués

25/11 : Journée de lutte contre les violences faites aux femmes

Violences matérielles et violences symboliques

 

  • Dans le monde, une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle au cours de sa vie ;
  • Jusqu’à 70% de femmes sont victimes de violences dans certains pays*

… Ces chiffres sont accablants, n’est-ce pas ? Malheureusement, il est fort probable que ceux-ci minimisent également un grand nombre de réalités, compte tenu des violences subies et non signalées, ainsi que des formes multiples et souvent insidieuses que revêtent les violences patriarcales et le sexisme.

Dites « violences faites aux femmes », vous entendrez immédiatement violence matérielle, physique et psychologique, omniprésente à travers le monde sous la forme d’infanticides à la naissance, de mutilations génitales, de mariages forcés, de trafics d’êtres humains, de viols, d’agressions sexuelles, de violences conjugales, d’insultes, de harcèlement, de discriminations, et de tous autres types d’assauts.

Autant de manifestations matérielles d’une violence symbolique généralisée, institutionnelle, qui légitime une grande partie des rapports de pouvoir : celle sur laquelle repose l’édifice hétéropatriarcal. Parmi ses moyens de répression principaux, on compte le cissexisme et l’hétéronormativité, qui sont à l’origine des LGBTI-phobies et des autres discriminations visant à invisibiliser et à précariser les minorités sociales. Dans cette longue liste, l’on retrouve : les injonctions à la non-libre disposition de son corps – avec la culpabilisation de l’acte d’IVG, la restriction de la PMA et l’encadrement abusif du changement d’état civil pour les personnes trans -, les stéréotypes genrés qui tissent nos relations sociales dès l’enfance ou l’éternel plafond de verre dans le monde du travail pour les femmes…

En l’occurrence, constatant la traditionnelle procrastination gouvernementale en situation de crise humanitaire, on pense tout particulièrement au cas des femmes exilées, pour lesquelles il est urgent de mettre en place des plans d’action solidaire, et ce, à l’échelle nationale.

C’est parce que la lutte pour les droits des femmes est indissociable de la lutte pour les droits des autres minorités que FièrEs, association militante féministe portée par des lesbiennes, des bies, des trans, appelle à la mobilisation de touTEs, sous toutes les formes possibles. Car l’état d’urgence, ce n’est pas seulement celui dans lequel l’Etat veut nous enfermer. C’est aussi l’état dans lequel sont les femmes, partout et toujours, sans que l’on veuille les écouter ni les voir.

* Selon l’ONU Femmes, novembre 2015
http://www.unwomen.org/fr/digital-library/multimedia/2015/11/infographic-violence-against-women

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Pourquoi FièrEs quitte-t-elle l’Inter-LGBT ?

Fait début mai 2015, à Paris,
suite à un vote en réunion plénière des militantes de l’association FièrEs

Pourquoi FièrEs quitte-t-elle l’Inter-LGBT ?

FièrEs, association féministe lesbienne, bi, trans, a pris la décision de quitter l’Inter-LGBT au terme d’un processus de réflexion collectif et démocratique, au cours duquel chacune de ses militantEs a pu s’exprimer. Nous le faisons pour des motifs politiques, exprimés ci-après. Nous déplorons d’avoir été amenéEs à prendre cette décision, qui nous a toutefois parue nécessaire.

Nécessaire, car FièrEs veut préserver une absolue cohérence avec ses principes, ainsi qu’avancer et concentrer son énergie sur son propre développement. Nous ne souhaitons pas critiquer gratuitement le fonctionnement de l’Inter-LGBT, avec qui nous espérons continuer à coopérer, et encore moins diviser davantage nos « milieux » militants déjà fragilisés.

FièrEs a rejoint l’Inter-LGBT pour plusieurs raisons. D’abord pour nouer des liens avec d’autres associations LGBT, former avec elles des réseaux solides dans la lutte contre les LGBT-phobies et pour l’égalité des droits, participer avec elles à l’organisation des grands événements que sont la Marche des Fiertés de Paris et le Printemps des assoces. Nous avons ainsi toujours tenu à être un maximum présentes et actives dans les processus de décision et d’organisation. Nous avons rejoint l’Inter-LGBT également dans le but de lutter contre le sexisme au sein de la communauté LGBT et d’apporter une approche féministe des problématiques qui touchent les LGBT.

L’une des raisons de notre départ est l’affiche choisie pour la Marche des Fiertés 2015. Elle n’est ni l’unique raison de ce départ, ni la principale. Le choix de cette affiche n’a été que la confirmation de problèmes déjà constatés, et constitue donc la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

Comme nous l’avons exprimé par deux fois lors des derniers votes, il nous est impossible, par honnêteté intellectuelle, et pour rester fidèles à nos principes, de nous montrer solidaires de l’affiche choisie pour la Marche des Fiertés et du mot d’ordre « Multiples et indivisibles » associé à celle-ci.

Cette affiche, qui fait référence à une symbolique républicaine clivante, qui est intégrationniste, exotisante et dont le mot d’ordre ne comporte aucun appel aux actes et aucune revendication, reste contraire à nos valeurs et la démarche qui l’entoure nous pose problème à divers titres.

Nous pensons que l’Inter-LGBT, qui ne laisse aucune place à une véritable analyse intersectionnelle dans son fonctionnement et ses campagnes et dont les statuts ne mentionnent pas la lutte contre le racisme, ne peut légitimement s’approprier la représentation de personnes racisées pour évoquer la « diversité », la « multiplicité ». La représentation d’une personne noire, associée à ces symboles républicains, légitime selon nous l’assimilationnisme ou l’intégration forcée que subissent les racisé.e.s, appelé-e-s à rejeter leur culture quand elle n’est pas française et à se fondre dans la République, ses valeurs et sa culture, qui continuent de les discriminer.

Nous pensons que conserver cette affiche, et choisir ce mot d’ordre, constitue non seulement une faute politique mais également une provocation, un choix délibéré de ne pas prendre en compte les critiques qui avaient été faites par d’autres organisations et individu-e-s. Malgré ces analyses, les membres physiques comme moraux de l’Inter-LGBT se sont évertué-e-s de façon quasi-consensuelle, lors des débats, à dépeindre la République comme exempte de racisme et comme modèle indépassable de tolérance.

Qu’on le veuille ou non, cette affiche ne saurait être représentative de la communauté LGBT dans son ensemble. En effet, celle-ci comprend des personnes ne se reconnaissant pas dans la République ou qui en sont de fait exclues. Leur imposer cette affiche lors d’une Marche qui est censée rassembler est problématique.

A plusieurs reprises déjà, et cela concourt évidemment à notre départ, des décisions de l’Inter-LGBT nous avaient heurtéEs.

FièrEs ne peut être solidaire d’une campagne sortie sans déclinaisons bi et trans, alors que nous avions à plusieurs reprises exprimé notre désaccord et que nous avions même proposé des idées, restées sans réponse. Nous considérons que ce choix reflète le traitement inégal qui est fait en terme de visibilité entre toutes nos composantes : même si des déclinaisons bi et trans sont prévues, comment l’Inter-LGBT peut-elle décider que celles-ci attendent six mois de plus que les autres et que nous devons nous en contenter ?

Par ailleurs, et comme nous l’avons formulé récemment dans une longue lettre adressée à l’ensemble de ses membres, les échanges par mail autour des slogans féministes du 8 mars et de leur « violence » nous ont profondément choquéEs et les accepter aurait été incompatible avec nos principes. Les listes de l’Inter-LGBT devraient être un espace de respect mutuel, un espace safe, où les expériences potentielles et les identités de chacun-e sont prises en compte. Ce n’est pour l’instant pas le cas et aucun processus de remise en question sur le sexisme interne, sur l’anti-féminisme, sur les pratiques sexistes ou sur les privilèges dont peuvent jouir les membres hommes cis blancs de l’Inter-LGBT n’est en route.

A titre d’exemple, nous rappelons le rejet de la question de l’auto-défense féministe et les discussions récurrentes sur les fonctionnements ou manifestations en non-mixité. Selon certains, cette non-mixité serait « sexiste envers les hommes »… cette expression prouve leur absence de réflexion concernant le privilège dont ils bénéficient en tant qu’hommes dans une société patriarcale.

Nous le répétons : se dire féministe, ce n’est pas seulement soutenir l’égalité de droits entre hommes et femmes. Le féminisme est un champ bien plus vaste et complexe. Le féminisme pense les rapports de domination, il déconstruit les rôles genrés, il est un terrain d’émancipation pour les femmes mais aussi l’occasion pour les hommes cis de questionner leurs propres pratiques et attitudes.

Il est dommage, pour l’Inter-LGBT elle-même, qu’aucun processus pédagogique ne soit sérieusement enclenché sur cette question. Nous pensons sincèrement que l’inter-associative aurait à y gagner.

En outre, la quasi-absence de réponse (nous n’en avons reçu que deux : l’une par mail, l’autre oralement) faite à FièrEs suite à notre lettre sur le sexisme de l’Inter-LGBT, constitue un manque flagrant de respect et un grand mépris vis-à-vis de notre structure, mais démontre surtout l’entre-soi sexiste que nous dénoncions, et dont FièrEs est par définition exclue.

Nous pourrions supporter tout cela et travailler encore à faire changer les mentalités et les pratiques de l’intérieur. Nous pourrions sans doute continuer à essayer d’influer sur les décisions, les campagnes, les communications de l’Inter-LGBT. Continuer à essayer d’imposer la féminisation des termes des textes produits par l’Inter-LGBT, de militer en interne pour plus d’inclusivité, pour  une meilleure prise en compte des problématiques féministes et des analyses intersectionnelles. Mais nous ne voulons pas, alors que nous ne sommes pas écoutées, et régulièrement mises à l’écart, continuer à servir de caution féministe à l’Inter-LGBT en en restant membre. Nous préférons nous concentrer sur nos combats, nos actions, et ne pas rester à l’Inter-LGBT pour de mauvaises raisons et dans de mauvaises conditions.

Toutefois, nous tenons à remercier les diverses associations avec lesquelles nous avons pu mener à bien des projets associatifs et avec lesquelles nous continuerons ce combat, comme le Centre LGBT Paris-Ile de France, Bi’cause, Acceptess-T, Aides, Les Enfants d’arc-en-ciel, Cineffable, Barbieturix, ou encore Le Mag-Jeunes LGBT ou Contact, pour ne citer qu’elles.

Nous remercions également l’Inter-LGBT de nous avoir permis de nouer ces liens. Nous continuerons évidemment à travailler de l’extérieur avec l’inter-associative, dans notre lutte contre les LGBT-phobies et pour l’égalité des droits, ainsi que pour l’organisation de la Marche des Fiertés, notamment cette année à travers le projet du LesboTruck.

Cette lettre a été lue devant les associations membres lors du « Pôle Politique » de l’Inter-LGBT le 5 mai 2015.

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Modèle de lettre à envoyer aux fabricants & magasins de jouets et aux publicitaires

A l’attention des fabricants de jouets, des magasins et des publicitaires

STOP aux jouets sexistes !

Depuis une dizaine d’années, nous voyons le marketing des jouets pour enfants devenir de plus en plus genré. Même des marques « neutres » il y a 20 ans, telles que Lego, croient désormais capter l’air du temps en développant des lignes pour garçons et pour filles, en s’habillant en bleu et rose. Or, à un âge où elles et ils se construisent, où les modèles ont une grande importance, les enfants sont les premier.e.s touché.e.s par ce sexisme.

Le sexisme, c’est penser que les jouets de repassage, de cuisine, de pouponnage sont naturellement faits pour les petites filles. Que les jeux violents, de construction, de bricolage, sont naturellement faits pour les petits garçons. Rappelons que jusqu’à présent la science n’a pas démontré l’existence d’un gène du ménage ou du foot !

Les jouets sont l’un des vecteurs de ces représentations sexistes. Ils habituent les enfants à trouver acceptables, et même légitimes, les inégalités entre femmes et hommes dont ils et elles seront témoins tout au long de leur vie.

Donnons les moyens à nos enfants de pouvoir un jour vivre dans une véritable société égalitaire où ce qui les définira ne sera pas leur sexe ou leur genre mais leur personnalité, leurs qualités, leurs défauts, leurs passions !

Il suffirait peut-être de retirer les piles, de démonter le mécanisme : montrons des cuisiniers et des mécaniciennes, des maîtres d’école et des super-héroïnes, des infirmiers et des joueuses de rugby. Acceptons que les poupées servent à jouer au papa comme à la maman.

Au nom de quoi avez-vous décrété que les filles détesteraient les voitures télécommandées ou que les garçons ne supporteraient pas de « jouer au marchand » ? C’est aux adultes et à la société de faire en sorte de ne pas leur fermer des horizons. C’est notre responsabilité. C’est votre responsabilité.

Oui, les modes de cour de récré sont au rose pour les filles, aux super-héros pour les garçons, et par mimétisme, les enfants respectent généralement le choix majoritaire en réclamant ces jouets à leurs parents. Avec vos publicités, vos emballages, vos catalogues, votre « ciblage marketing », vous êtes responsables de cet état de fait.

C’est un poids qui pèse sur les parents qui essaient d’élever leurs enfants dans une culture non-sexiste. C’est une violence extrême pour tous les enfants qui, en dépit de la pression du mimétisme et du marketing, souhaitent des jouets rangés dans le rayon du sexe opposé.

Comment les enfants se sentiraient libres de choisir les jouets qui leur plaisent dans des magasins séparant explicitement le rayon « pour les filles » et le rayon « pour les garçons » ?

En modelant leur publicité sur les stéréotypes associés aux genres, les publicitaires ont fini par figer ces stéréotypes et à les ancrer dans l’imaginaire collectif.

Nous ne laisserons pas le marketing, les magasins et fabricants de jouets décider pour nous de quel modèle de société nous voulons ! Vivre dans une société non-sexiste commence par donner la possibilité aux enfants de s’interroger sur leurs propre goûts et envies, de les laisser tâtonner et se découvrir, pas de leur imposer un modèle de ce qu’ils devraient être en tant que filles ou garçons et de les rabaisser si elles et ils sortent du moule.

Magasins, qu’avez-vous à perdre en organisant les jouets dans vos rayons et catalogues par types d’activités ? Fabricants et publicitaires, n’avez-vous donc aucun remords quand vous continuez à mettre des filles sur les emballages d’aspirateurs et de cuisinières, et des garçons sur les panoplies de médecins et de maçons ? Ne vous sentez-vous jamais coupables de faire le lit des inégalités femmes-hommes ?

Prenez vos responsabilités. Nous avons le devoir de permettre aux enfants d’être et de devenir ce qu’ils souhaitent. Nous avons le devoir de leur construire une société égalitaire.

Nous exigeons que vous changiez vos publicités, vos emballages, votre façon de penser le marketing, pour que les enfants ne demandent plus des jouets « pour les filles » ou « pour les garçons » mais des jouets qu’elles et ils aiment !

Téléchargez ici les adresses postales et emails des principaux magasins, fabricants de jouets, publicitaires… où vous pourrez envoyer la lettre :

Adresses et mails des marques et magasins

Actions

Le sexisme ça sent le sapin !

FièrEs lance sa nouvelle campagne : « Le sexisme ça sent le sapin » !

Premier volet : une action simultanée dans des dizaines de magasins de jouets à Paris et proche banlieue le week-end dernier (20 et 21 décembre).

Les militantes de FièrEs ont sillonné les rayons « garçons/filles » afin de dissimuler, dans un maximum d’emballages sexistes (mais sans aucune dégradation), des tracts « Attention, ce jouet est sexiste ». En ouvrant ces emballages, les acheteurs découvriront leur surprise…

L’objectif ? Faire réfléchir les parents sur leurs choix de cadeaux et sur le sexisme du marché des jouets pour enfants.

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Communiqués

« La Manif pour tous » changerait-elle de bord ?

Le dimanche 5 octobre, « La Manif pour tous » revient dans les rues de Bordeaux et Paris. FièrEs s’interroge sur le tout nouvel « intérêt » de cet organisme pour les droits des femmes.

Parmi les mots d’ordre de ces marches, on peut trouver « L’humain n’est pas une marchandise », « L’enfant n’est pas un objet », « La femme ne peut être exploitée » (sic). FièrEs salue ce subit revirement idéologique. « La Manif pour tous » changerait-elle de cap ? Si l’on osait, on dirait qu’elle change de bord !

A en lire ces mots d’ordre, « La Manif pour tous » prendrait à n’en pas douter position pour la contraception, l’IVG, la libre disposition de leur corps par les femmes… « Pas touche à nos stéréotypes de genre » : du passé ? Ce dimanche, « La Manif pour tous » mettrait-elle enfin derrière elle le sexisme et les LGBT-phobies dont elle se réclamait jusque-là ? L’exploitation des femmes par les hommes, les grossesses imposées et subies, la construction sociale de l’inégalité entre hommes et femmes : terminées ?

Nous prenons bonne note de ce volte-face salutaire. « La Manif pour tous », désormais héraut de l’égalité et pourfendeuse du système patriarcal, défilera contre toute exploitation du corps des femmes par les hommes, contre l’utilisation des enfants à des fins idéologiques et/ou mercantiles, pour la suppression des rôles sexués et des représentations sexistes perpétuées par l’éducation des enfants et la société dans son ensemble.

Sans nul doute, les dons et financements non négligeables perçus depuis deux ans par cet organisme progressiste seront reversés aux foyers de femmes battues et à la lutte contre les trafics d’enfants.

FièrEs souhaite vivement que medias, parents, éducateurs/trices… ne soient pas dupes d’une rhétorique qui n’a pour but que d’accomplir un « feminist-washing », ne soient pas dupes d’un organisme qui dit défendre la famille en refusant toute protection à certaines d’entre elles. L’imposture est évidente, ne laissons pas « La Manif pour tous » utiliser des arguments contraires à leur idéologie pour servir leurs intérêts ! Non, « La Manif pour tous » n’a pas changé.

Affiche parodique du Tumblr. "les futures Manifs pour tous"
Affiche parodique du Tumblr.   « les futures Manifs pour tous »
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Vers la parité politique : en ramant mais sûrement

Le 23 mars 2014 aura lieu le 1er tour des élections municipales. Mise en pratique d’une parité renforcée, ces élections verront logiquement plus de femmes élues dans les conseils municipaux. Mais la parité totale en politique reste une chimère.

Un pas de plus vers la parité politique. Voilà à quoi nous assisterons lors des résultats définitifs des élections municipales le dimanche 30 mars 2014. Ce sera la conséquence directe de la loi votée en mars 2013 qui étend le champ d’application de la parité. Les listes se présentant dans les communes de plus de 1000 habitants se doivent désormais d’être strictement paritaires. Aux dernières municipales, seules les communes de plus de 3500 habitants étaient soumises à cette obligation. Cette année donc, 6500 communes en plus  sont concernées par la parité. Pour Bernard Malignier, spécialiste du droit électoral français,  « 17 000 femmes deviendront conseillères municipales pour aboutir à un chiffre de 85 000 femmes dans les conseils municipaux », c’est-à-dire quasiment la moitié des sièges.

Campagne Care France pour les municipales 2014
Campagne Care France pour les municipales 2014

Si la parité politique est étendue pour 2014, c’est qu’elle fonctionne ! En effet, cette victoire féministe remportée en 2000 a largement fait ses preuves. Les effets ont été directs surtout sur les scrutins locaux. Alors qu’en 1995 seuls 25% des conseillers municipaux étaient des femmes, elles étaient 47,5% dès 2001. Les conseillers régionaux aujourd’hui sont quasiment pour leur moitié des conseillères. Une politique des petits pas qui porte donc ses fruits. Et qui tord le cou à ceux qui, opposés à une telle loi, préféraient laisser la société atteindre à son rythme et sans contraindre la parité, quitte à attendre encore des siècles !

Et les communes de moins de 1000 habitants dans tout ça ? Elles restent les seules exemptées d’une obligation paritaire. Elles représentent quand même 67% des communes de France mais peinent souvent à compléter leurs listes. Alors des listes paritaires… Le maire d’Oisseau, commune de 1200 habitants en Mayenne craint d’ailleurs la constitution de listes paritaires : « J’approuve totalement l’idée mais dans ma petite commune, je n’arrive pas à trouver suffisamment de candidates ».

Têtes de listes paritaires … plus ou moins

Si les listes deviennent paritaires, les têtes de liste le sont-elles ? Les résultats des dernières municipales ont donné aux femmes une maigre portion des sièges de maire : 14%. La capitale joue néanmoins le jeu. A Paris, pour 20 arrondissements, l’UMP et le PS avancent chacun 10 femmes têtes de listes. Elles sont 9 au Parti de Gauche. Envoyées dans des arrondissements ingagnables comme c’est souvent le cas ? Les résultats nous le diront mais le Parti de Gauche pour se mettre à couvert des critiques dit avoir placé des femmes dans des arrondissements où la gauche a du poids.

Etrangement, loin des projecteurs médiatiques de Paris, les partis politiques à Lyon sont moins enclins à présenter des femmes têtes de listes. Dans ses 9 arrondissements, l’UMP-UDI ne présente que 2 femmes. Le PS n’en présente que 3.

Parité aux scrutins nationaux ? Pas pour tout de suite

Mais la loi sur la parité en politique rencontre encore des résistances. Les scrutins nationaux restent peu inquiétés. Les sénateurs élus indirectement peuvent dormir sur leurs deux oreilles. A l’Assemblée Nationale, les hommes occupent encore 75% des sièges. François Fillon en 2010 ne le cachait pas : « On préfère payer quand c’est encore possible de le supporter » faisant référence à la baisse des dotations publiques auxquelles doivent faire face les partis qui n’envoient pas assez de femmes au Parlement. La loi sur l’égalité femmes/hommes votée en janvier 2014 prévoit un renforcement des sanctions financières à partir des législatives de 2017. Les partis préfèreront-ils payer encore longtemps ?

Noémi M.