Association FièrES : principes généraux
1 – Nous sommes « FièrEs »
Nous sommes fièrEs de ce que nous sommes : des féministes lesbiennes, gouines, biEs, pans, trans’, queer… Nous sommes FièrEs – nous n’avons pas honte. Nous ne nous excusons pas d’exister ; nous luttons pour que chacunE soit plus visible ; nous sommes militantEs et luttons pour nos droits. Nous gardons à l’esprit que nos combats pour l’égalité des droits ne doivent pas être soumis à une volonté d’intégration, d’adoption totale et sans critique des codes et modes de vie normatifs. Nous ne voulons pas prouver que nous sommes « comme tout le monde » pour obtenir nos droits.
2 – Notre but : la destruction du système cishétéropatriarcal, raciste et capitaliste par la révolution.
Notre position : FièrEs est une association féministe radicale révolutionnaire.
L’association mène toutes ses luttes dans une perspective féministe anti- essentialiste, anticapitaliste, antiraciste, décoloniale, anti-grossophobie, anti- validiste et écoféministe. Nous souhaitons l’égalité des êtres dans tous les domaines : la disparition des stéréotypes de genre, des classes socio-économiques, et de la racialisation. Notre approche prend en compte les liens intrinsèques entre patriarcat, racisme et capitalisme qui s’imbriquent les uns dans les autres, en perpétuant des structures de domination et de domestication des personnes marginalisées et minorisées. Elle s’arrête aussi sur les logiques d’exploitation et de destruction des personnes et de la nature, dans un exercice de décentrement. Nous soutenons toutes les femmes, quels que soient les conservatismes externes ou internes auxquels elles sont confrontées. Nous soutenons le choix des femmes concernant leur corps quel qu’il soit : droit à l’avortement, port du voile, travail du sexe.
La disparition des injonctions et normes genrées est l’une de nos finalités. D’elles, découle en effet une binarité rigide fondatrice de dominations. Pour autant, nous refusons d’invisibiliser dans nos discours et nos combats les inégalités entre les genres, l’oppression que vivent les femmes ou personnes perçues comme telles, les violences cismasculines dont iels sont victimes. Nous sommes conscientes que pour l’instant nous vivons dans une société éminemment genrée et patriarcale qui repose sur la domination masculine et l’oppression des femmes en tant que classe, système que nous voulons renverser. Notre regard des femmes en tant que classe n’efface pas les hiérarchies systémiques au sein-même de cette classe, par les dynamiques de domination symbolique et systémique.
Nos combats :
- FièrEs se positionne contre toutes les oppressions
Parmi les valeurs premières de FièrEs figurent la lutte contre toutes les formes de racisme, de stigmatisation et/ou d’oppression des peuples et des individu-e-s.
FièrEs lutte contre la grossophobie en tant que discrimination systémique.
FièrEs lutte contre le validisme et les discriminations qu’elle entraîne.FièrEs s’attache également à intégrer la justice climatique dans ses luttes, avec une perspective féministe décoloniale, anti-essentialiste et anti spéciste.
FièrEs milite pour la reconnaissance et la promotion de l’intersectionnalité comme outil d’analyse. - FièrEs lutte contre toutes les formes de lesbophobie
Victimes de lesbophobie sous toutes ses formes, les gouines (ou personnes supposées telles) sont également opprimées à cause de leur non-conformité aux normes hétérosexistes. Elles sont invisibilisées par la société et la culture (y compris dans les « milieux gays ») qui leur refusent une existence à part entière et rendent difficiles leur représentation et leurs expressions. La lesbophobie tient également à la négation de la sexualité des gouines (ou personnes supposées telles), largement représentée comme non-existante, en quête ou en attente d’une « révélation hétérosexuelle ». Les gouines (ou personnes supposées telles) sont par ailleurs objectivées et hypersexualisées à travers des représentations médiatiques et culturelles qui participent à faire de cette identité l’objet de fantasmes sexuels à destination des hommes hétéros.
La lutte contre la lesbophobie s’accompagne d’une lutte acharnée pour la visibilité lesbienne. - FièrEs lutte contre toutes les formes de biphobie
Les biEs subissent une oppression dans les milieux LG(B)T comme à l’extérieur. La biphobie, tissée de clichés diffusés par toute la société sur les personnes bies, consiste également en une totale invisibilisation de la bisexualité comme orientation sexuelle à part entière, présentant comme une seule alternative existante l’homosexualité et l’hétérosexualité. Cette invisibilisation tend à désigner toute personne bie comme homo ou hétéro en fonction de la personne qu’elle fréquente, niant ainsi totalement son identité. Les femmes bies sont par ailleurs objectivées et hypersexualisées à travers des représentations médiatiques et culturelles qui participent à faire de cette identité l’objet de fantasmes sexuels à destination des hommes hétéros. FièrEs s’engage pour la visibilité biE et la lutte contre les stéréotypes et discours moralisateurs dont les biEs sont les cibles. - FièrEs lutte contre toutes les formes de transphobie
L’association lutte pour les droits spécifiques aux personnes trans et contre la transphobie, notamment la transphobie d’Etat. Nous revendiquons le droit à l’autodétermination. C’est à nous de définir nos identités, nos corps. Nous combattons la cisnormativité qui place l’identité cisgenre comme la norme et nous nous attachons à dénoncer la fétichisation des identités trans par les représentations culturelles. FièrEs est attentive, en développant son analyse féministe, à promouvoir le
transféminisme et à visibiliser les personnes trans.
Nos outils :
- FièrEs analyse les luttes Queer dans une perspective féministe et intersectionnelle
Le sexisme et les queer-phobies ont la même racine : le système cishétéropatriarcal, que nous combattons et qui repose sur une hiérarchie entre les sexes, entre les genres et entre les sexualités. Nous souhaitons accompagner les luttes Queer d’une analyse féministe. Nous pensons que ce système cishétéropatriarcal est intrinsèquement lié au système colonialiste et raciste. Néanmoins, le racisme et le colonialisme ne sont pas exercés et maintenus uniquement par des hommes cisgenre et hétéro, mais bien par la classe blanche : les luttes féministes et queer n’en sont pas exemptes. Ainsi, les femmes et les personnes queer blanches ont des privilèges dont il est impératif de prendre conscience. Nous souhaitons accompagner nos luttes queers et féministes d’une analyse antiraciste et anticoloniale. - FièrEs politise les sexualités et les identités
FièrEs voit le lesbianisme comme une identité politique, et pas uniquement comme une sexualité. Nos sexualités et nos identités façonnent notre féminisme comme notre rapport au monde. Nous faisons d’elles des outils de remise en question du système cishétéropatriarcal. « Le privé est politique ». Nous sommes fièrEs de porter ces identités et nous les rendons visibles dans le but de questionner ce système et ses normes oppressives.
3 – Notre mode de fonctionnement
FièrEs est une association non-mixte ( sans homme cis) :
L’association se veut ainsi un espace de parole vraiment libre, un espace d’empowerment ; elle laisse toute leur place aux femmes et à toute personne non-cis pour prendre la parole, définir leurs oppressions et s’approprier leurs luttes.
FièrEs est indépendante de tout parti politique :
FièrEs est une association qui ne soutient ni ne dépend d’aucun parti politique. Ses porte-paroles ainsi que les membres de son Conseil d’administration s’engagent à ne s’affilier à aucun parti politique.
L’indépendance de FièrEs est aussi financière : l’association repose sur ses propres revenus pour ses frais de fonctionnement.
quatrième version, décembre 2022